Bienvenue pour de nouvelles aventures halieutiques. Installez-vous et embarquez.
Presque 1 Mois c'est écoulé depuis ma dernière pêche en compagnie de Cédric-Ska31. Suite à ce capot l'envi d'en découdre avec quelques carpes se fait sentir. Je décide alors de partir à l'assaut d'un lac d'une cinquante d'hectares où la navigation est interdite mais la pêche de nuit autorisée. Jusqu'à lors je n'ai essuyé ici que des capots et n'ai jamais osé mettre le bateau à l'eau. Mais voyant sans cesse des gens naviguer pour diverses raisons sur tout type d'embarcations et sachant même que quelques carpistes ne se gênent pas pour passer une semaine avec bateau ici je décide que c'est mon tour de découvrir enfin à l'aide de l'écho sondeur ce qu'il y a sous le miroir.
La météo annonce un vent dominant sud-sud-est ce qui théoriquement est plutôt bon pour notre pêche, je suis donc confiant, c'est l'automne et malgré des températures élevées pour la saison dû à ce fort vent de sud j'imagine que les carpes doivent préparer l'hiver et se gaver. Du moins je l'espère au fond de moi.
C'est alors que le mardi 22 octobre 2013 j'arrive sur les lieux avant le levé du jour pour prendre le temps d'observer et de peut-être déceler la présences de quelques beaux poissons. Malheureusement après une bonne heure à attendre il ne se passe presque rien. Je décide alors de gonfler le zod et là je ne suis pas déçu, des fonds hallucinants, presque un casse tête pour placer un montage tant les possibilités sont étendues. Rajoutez à cela que les carpes semblent être très peu représentées ici mais surement lourdes. J'en profite pour donner quelques coups de leurres dans les branches immergées et rapidement un beau bec largement maillé vient poser son mucus sur les boudins du zod, une tite photo et retour dans son élément. Je n'ai même pas eu la présence d'esprit de le mesurer. Ah l'odeur typique du broc, j'adore.
Je me pose alors dans l'après midi face au vent pour mettre toutes les chances de mon côté, pose mes repères, prépare mes montages et en soirée tout pêche pour la nuit. Je suis confiant, quelques sauts ont lieu, un peu loin de moi, mais tout est possible à la pêche. Pourtant après deux nuits infructueuses passées ici et un environnement bien trop bruyant à mon goût je décide de me déplacer pour un autre plan d'eau de moins de 100 hectares.
Connaissant un peu l'endroit j'hésite fortement quand à mon placement sur le lac. Face au vent ou pas ? Sur le précédent lac les carpes sautaient sur les zones en partie abritées du vent. Le niveau est, ici aussi, bien haut pour la saison et tous mes connaissances des lieux risquent d'être mis à mal. Finalement je décide d'explorer une zone qui ne m'a jamais rapportée de poisson et qui est en partie protégée du vent toujours à dominante Sud. Pari risqué me direz-vous mais parfois il faut savoir sortir des sentiers battus et des stéréotypes. Et puis de toute façon j'aime pas le vent donc je serais toujours mieux à l'abri.
Le 24 Octobre 2013 me voici donc en poste sur une petite pointe de terre juste assez large pour un pêcheur qui va me permettre de pêcher un buisson immergé dans 3M50 , un plateau dans 2M50, le pied de ce plateau dans 6M et la quatrième canne sera placée à la tiger sur une pente raide devant quelques branches pendant les 48H que je passerai sur le lac. Le vent qui souffle est chaud, l'eau est en surface à 17,5°C, je sens que ça va être encore compliqué. A 19H tout pêche, la nuit arrive vite dans cet endroit sauvage dépourvu de pollution lumineuse, après un petit repas je suis exténué et m'endors avant les coups de 22H.
Et contre tout attente alors que cela fait moins d'une heure que je suis dans le duvet un détecteur émet quelques bips puis c'est la déroule. Crevé et carrément la tête dans le cul je décide de ne pas partir en bateau et de gérer le poisson depuis le bord mais la belle n'est pas vraiment décidée à se rendre rapidement. Au bout d'un moment paraissant interminable elle est à portée du filet. Elle n'a bien sûr pas oublié d'embarquer mon repère (je pensais qu'elle partirai dans l'autre sens) et de se prendre dans la ligne à la tiger que je n'avais pas jugé bon d'équiper d'un back lead. Je parviens enfin à la faire rentrer dans le filet puis tente de la décrocher directement et de démêler le repère pour ne pas trop déplacer l'autre ligne et là les crocs n'accrochent plus la berge glissante, ni une ni deux je me retrouve dans l'eau jusqu'aux cuisses et peine à remonter. Vous allez rire mais heureusement que j'ai oublié de me couper les ongles et ceux qui me connaissent savent que je peux les avoir très longs, ce qui m'a permis de les planter dans le glaise et de me hisser, sinon j'étais bon pour le grand bain à la nage jusqu'à une zone plus plate avec l'épuisette en main. Le sketch quoi ! Mais je ressors vainqueur de ce combat épique et à la levé du filet je prends une châtaigne. Que ce passe-t-il je n'ai plus de force ou quoi ? Je pose la belle sur le tapis et découvre un poisson de l'espace. Je rappelle que je n'ai jamais passé la barre des 17 kilos et visiblement le poisson que j'ai sous les yeux en fait bien plus. Je temporise, prépare peson et appareil photo et prends la décision d'une photo nocturne au flash. Car d'une je n'aime pas le sac et de deux je n'imagine même pas ce poisson demain matin avec toute la gouache qu'on leurs connait après une nuit au repos forcé, d'autant plus quand on a que 10 secondes de retardateur. Bilan 19 kilos !! Record battu. Début de session énorme, changement de lieu et stratégie payants, je plane complet. Même si je suis déjà trempé et plein de boue.
La belle rejoint son élément et moi je repars poser ma ligne sur le plateau en pensant cette fois à décaler très largement mon repère aillant bien intégré visuellement ma zone de pêche. Et une fois de plus ce sont les billes ananas qui m'auront permis de sortir ce poisson. Mais voilà je n'en ai plus, il ne me restait que de quoi effectuer une dépose sachant qu'en ce moment j'amorce généreusement et que les deux premières nuit sur l'autre lac m'ont couté un peu trop de billes et de graines. Je remplace par de la fraise équilibré par une pop-up mulberry.
Je retrouve la sommeil non sans mal et à une heure du mat' c'est la canne dans 6M eschée aussi d'une bille fraise / mulberry qui démarre et une petite commune de 5 kilos vient mouiller à son tour le tapis sans oublier elle aussi d'attraper le repère associé, c'est pas possible qu'est-ce qu'elles ont à partir dans la mauvaise direction ? Photo, redépose et redodo.
04H du mat' la canne dans 6M redémarre et une nouvelle commune de cette fois 9 kilos pose avec moi. Au tour des billes fraise d'arriver à épuisement. Je remplace par de la Sk30 espérant ne pas nourrir les écrevisses en y associant une pop-up mulberry histoire de garder une cohérence avec mon début d'amorçage. Parfois on se rassure comme on peut... Et j'irais même jusqu'à intégrer à mes sticks Sk30 + pellet une pop-up à chaque dépose sur chaque ligne en cohérence avec celle composant mon bonhomme de neige. Pêchant vent dans le dos j'avais déjà préalablement versé mon petit reste de maïs sur zone ainsi que son jus très blanc qui formait alors un bon nuage se diffusant loin avec le vent, et pareils avec un peu de tiger broyée et de jus.
Ainsi j'imaginais bien les miettes de pop-up très odorantes remonter dans la couche d'eau et être portées par les courants imposés par le vent. Et bien sûr faire venir du poisson de loin. Et il faut croire que ça a fonctionné.
En tout cas ça me plait d'y croire.
De nouveaux des bips me réveillent, il est 06H, j'hésite car un bip par ci, un bip par là, puis je constate que mon swinger est descendu et que la ligne bouge légèrement, j'opte pour un carassin mais finalement c'est une miroir que je prends en photo pour le fun. Prise sur la ligne du buisson eschée d'une Sk30 pop-up indian spice. Attention les yeux, on passe d'un bloc à un grain de sable.
Bilan de la première nuit, un bloc, un record, puis trois autres poissons avec des poids qui ne cessent de descendre, que penser, comment imaginer la suite ? Des sauts nocturnes en pagaille qui me laissent présager que les poissons sont bien sur ma zone, il va falloir les garder. La journée est très chaude, 35°C dans le biwy, impossible d'y faire une sieste malgré ma fatigue dû à cette nuit agitée. J'ai dormi très très peu. Dans la matinée je vais au camion chercher le dernier stock de billes, un sac de 3 kilos de gammare de chez décat qui serviront d'amorçage couplés à des pellets de deux tailles et quelques Sk30 parce qu'il ne m'en reste pas des masses non plus, peut-être 1,5 kilos. Pour la journée je relance les lignes un peu à l'arrache à la Gammare pop-up sans oublier de distribuer près de 2 kilos de celles-ci direct sur ma zone puis en début de soirée peu avant la nuit je repose le tout correctement, en eschant Skspice, Sknanas, Skberry et la dernière continuera de chercher cette fois à la Japanese Squid sur un spot à l'opposé de ma zone, derrière moi, sur un plat dans 4M d'eau. Ce soir je n'ai pas envi de me coucher tôt, la soirée est plus qu'agréable, toujours le vent chaud qui me fouette le visage, les sauts qui recommencent de plus belle, j'ai trop envi d'être là sur le premier départ.
Et mon souhait sera vite exaucé puisqu'à 21H45 c'est le plateau en Sknanas qui produit le premier poisson de la longue nuit qui m'attend. Et cette fois je me fais un plaisir de partir en bateau à la rencontre de la belle qui me donnera un combat très virulent pour finalement se rendre et me faire profiter de sa silhouette généreuse. 16,5 kilos à la pesée, je suis en plein rêve.
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Je repars poser la ligne et avec tout ça une heure s'est déjà écoulé, j'ai de plus en plus de mal à penser à dormir malgré la fatigue que je sens déjà dans mon corps, je me contente alors de m'allonger tout habiller sur le bed. Et à 23H45 c'est au tour de la Skberry de m'offrir une nouvelle miroir de 10,5 kilos. D'un coup je trouve la prise en main du poisson d'une déconcertante facilité...mais quel plaisir, ces carpes sont superbes.
A peine ais-je eu le temps de redéposer cette ligne, il est 00H30 et c'est reparti sur le plateau, je ressaute dans le bateau et là le client est sérieux. Une fois à l'aplomb le poisson va sonder sous le bateau pendant 20 bonnes minutes interminables avec une force incroyable. Un combat d'anthologie, peut-être le plus énorme que j'ai vécu jusqu'à lors. Une fois dans le filet je réalise que le poisson est massif mais c'est uniquement en levant le filet de retour sur ma berge que je comprends que j'ai surement rebattu mon récent record. Le peson me confirmera alors que 500 grammes viennent s'ajouter pour un nouveau record à 19,5 kilos. Cette session est vraiment pleine de surprises !
Cette fois la pose photo est plus compliqué, la fatigue, le dos qui tire, des poissons bien lourds pour 10 secondes de retardateur seul mais avec un peu d'organisation on y arrive et là on est surtout content de posséder entre autre un vrai bon tapis de réception.
Repose de ligne, et je décide de tenter un petit dodo car je commence à être en mode zombie.
Mais à 02H45 c'est la Skberry qui m'appelle, et là dès le contact je me dis que ça va le faire du bord. En effet une petite commune de 3 kilos qui repartira aussi vite qu'elle est venue sans passer par la case photo. Aïe, serais-ce le début de la fin, l'invasion des pins sur mes spots ? Advienne que pourra, mais là il faut dormir, je tiens à peine debout, je m'effondre et m'endors instantanément.
Il est 06H du matin lorsque la canne du plateau, la fameuse Sknanas, spot à bœufs, repart de plus belle pour un tout droit et boom encore un client. Au contact je kiffe déjà, hop dans le bateau et de nouveau j'ai droit à un combat dantesque. Je te prends 2M de fils, t'en reprends 4, un truc de fou. J'en arrive même à douter que je puisse mener à bien cette lutte. Je crains la décroche, redoute la casse. Mais je patiente encore jusqu'à sentir un coup de fatigue chez cette carpe furieuse et le bon moment arrive, celui où je peux poser le manche de l'épuisette et poser la canne, je n'ai plus de bras, elle m'a défoncé celle-là !! Retour au bord, direction le tapis, oh my god !!! C'est encore plus gros que les précédentes. J'ai des frissons partout, j'ai envi de crier de joie, j'hallucine, j'ai l'impression que ce n'est pas réel de tels poissons. Séance peson, je recommence 3 fois tellement je n'y crois pas.
Et verdict 20,5 kilos, je viens de battre encore mon record, j'ai du mal à réaliser ce qu'il se passe.
La séance photo sera là aussi difficile, j'ai du mal à lever cette magnifique miroir.
Mais la belle et son énorme ventre disparaissent dans la lueur de ma frontale après des manipulations tout en douceur tant elle était aussi fatigué que moi de ce combat mené ensemble. Un petit trou parfait, des piqures propres et bien placées à chaque poisson, une sorte de session parfaite, un moment magique où j'ai eu l'impression de toucher du doigt le rêve d'un pêcheur.
Le jour se lève, je n'arrive pas à me décoller du bed, je suis exténué. Toutes mes lignes pêchent, j'ai gardé quelques billes Sk30 et gammare en cas pour une ou deux cannes et un fond de pellet mais toutes les bonnes choses ont une fin, ce sera tout pour cette nuit. Je plis dans la matinée non sans remord car une nuit de plus aurait pu m'apporter encore plus et même pourquoi pas plus gros mais ça n'est pas prévu donc je n'ai plus rien à manger, et de toute façon je n'ai plus d'appâts. Tout sens le poisson, la glaise colle à tout ce qui a touché cette berge devenue une pataugeoire à force d'arroser le tapis mais au moins pour une fois y'a pas eu de casse.
Il est midi, un plouf, un grand sourire, un grand soupire et il est l'heure de partir.
Voilà mes amis, j'espère que cette lecture vous aura régalé autant que je me suis régalé à l'écrire et à revivre ces moments incroyables de mon cheminement de pêcheur. Je vous donne rendez-vous au prochain épisode mais ne vous promets pas une pêche à la hauteur de celle-ci qui je pense restera pour longtemps une sorte de moment référence pour moi.
Vive la pêche et vive le domaine public !